Fermée au public depuis le 1er novembre 2021, l’île de Bendor, propriété de la famille Ricard, poursuit sa renaissance. Le groupe Zannier Hotels a été choisi pour insuffler ce renouveau. La réouverture de Bendor au public est toujours prévue pour 2026.
Si proche, si loin… Située à quelques brasses à peine de l’extrémité sud de Bandol, Bendor est toujours inaccessible.
Depuis l’automne 2021, cette petite île, achetée en 1950 par le célèbre Paul Ricard, n’a plus accueilli de touriste. Les seules personnes autorisées aujourd’hui à rejoindre ce « caillou » de calcaire sont les ouvriers qui travaillent à la renaissance du rêve de feu le « roi du pastis ».
Une très grande discrétion
Vu du continent, Bendor n’a pour l’heure pas vraiment changé. Seules quelques pelleteuses et des tas de gravats trahissent l’imposant chantier qui s’y déroule. Effectivement.
Invité sur l’île par Marc de Jouffroy, l’arrière-petit fils de Paul Ricard, en charge de superviser un projet à plusieurs dizaines de millions d’euros, on se rend vite compte que les constructions historiques ne sont plus que des coquilles vides. « On a désamianté et curé tous les bâtiments que l’on souhaite conserver.
Quelques constructions, comme la galerie où étaient regroupés les tableaux de l’arrière-grand-père, ou encore la piscine couverte, ont en revanche été démolies (1). Et aujourd’hui, on est quasiment prêt à débuter la reconstruction », explique l’héritier.
Mais pas question de prendre la moindre photo. Poliment, mais fermement, Marc de Jouffroy s’y oppose.
« Trop de gens ont de beaux souvenirs sur Bendor. On n’a pas envie qu’ils croient que tout a été rasé, balayé d’un coup d’engin de chantier. »
Qu’ils se rassurent, ce n’est pas l’objectif de la famille Ricard, qui reste très attachée à l’île où elle se retrouve tous les étés et y célèbre mariages et baptêmes. « Outre le fait qu’il y avait nécessité de se mettre en conformité avec les règles d’urbanisme, l’idée de cette rénovation est de faire de Bendor l’une des destinations les plus emblématiques en Méditerranée, tout en préservant son âme, son histoire », insiste Marc de Jouffroy.
À ce sujet, le cas du restaurant Grand Large est parlant. « Exposé aux largades, ces coups de mer dévastateurs, on a choisi de démolir l’établissement pour mieux le reconstruire à l’identique, mais sur de solides fondations s’enfonçant à plus de sept mètres dans le sol », précise Marc de Jouffroy.
Un lieu exceptionnel
Pour accompagner cette renaissance d’un « joyau » que son illustre propriétaire a toujours voulu partager avec le plus grand nombre, la société Paul Ricard, qui reste seule propriétaire de Bendor et finance la totalité des travaux, s’est rapprochée de Zannier Hotels, un groupe d’hôtellerie de luxe. « Parmi tous ceux qui ont répondu à notre appel d’offres, la société Zannier Hotels est celle qui a apporté le plus de fraîcheur, d’inventivité, de créativité. C’est celle qui a le mieux appréhendé le potentiel de Bendor. Le fait que c’est un groupe familial français, comme le nôtre, n’est pas anodin. On parle le même langage », confie Marc de Jouffroy.
De passage à Bendor en fin de semaine dernière, Arnaud Zannier, P.-D.G. de Zannier Hotels, livre sa passion pour la petite île varoise.
Depuis un balcon qui surplombe la Grande Bleue, il lâche : « Sur l’ensemble de la Côte d’Azur, Bendor, avec son panorama à 360 ° sur la Méditerranée, est un lieu exceptionnel. On est immédiatement dans l’évasion. Plus qu’un hôtel, c’est un mode de vie, une expérience de vie qu’on va proposer. Le futur Zannier Hôtel Bendor sera le porte-drapeau de la marque en Europe. »
Visiblement ravi d’être dans le Var, « une région que j’aime et que je connais bien pour y avoir passé une partie de mon enfance », Arnaud Zannier confie avoir imaginé le renouveau de Bendor dans l’hôtel qu’il possède au Vietnam. « Pendant deux semaines d’un confinement dû à la Covid ». Et d’ajouter : « Pour quelqu’un comme moi dont le moteur est la création, Bendor est un projet passionnant. On part quasiment d’une page blanche. »
Convivialité de rigueur
Sans trop entrer dans le détail, on sait par exemple que le premier établissement accessible en posant le pied sur l’île sera le Café Paul Ricard. « Un lieu convivial à l’image de mon arrière-grand-père. Ce sera comme une piqûre d’authenticité et d’histoire pour les gens qui débarquent sur l’île. Il est très important de créer une ambiance dès l’arrivée au port », glisse Marc de Jouffroy. Parmi les autres « indiscrétions », l’hôtel Soukana, dans l’ouest de l’île, sera doté d’un restaurant en rooftop et d’une piscine extérieure avec une vue incroyable sur le large. S’il n’est pas encore sûr que le nom Grand Large survive à la renaissance de l’île, Arnaud Zannier a imaginé pour cet établissement « une expérience culinaire sophistiquée où des chefs étrangers viendront réinventer la cuisine méditerranéenne ».
Quant au théâtre Vincent Scotto, il sera le témoin privilégié de la renaissance de la vocation artisanale de l’île avec l’installation de trois ateliers, dont un souffleur de verre.
Mais attention, rappelle Marc de Jouffroy : « Si l’hébergement va clairement monter en gamme, l’île doit rester accessible à tous, comme l’a toujours voulu Paul Ricard. C’est pourquoi sera créée une place de la convivialité avec des terrains de pétanque et un restaurant aux prix tout à fait abordables. »
Source : VAR MATIN. Article de P.-L. PAGÈS. Crédit photo : Zannier Hotels Bendor – Delos Pool – © Zannier Hotels. Visuel de l’hôtel Soukana, situé dans l’ouest de l’île, qui bénéficiera d’une splendide piscine extérieure.
1. Une incertitude demeure sur l’avenir du Palais, situé à l’entrée du port, et qui s’est quelque peu enfoncé d’un côté.